Comme toujours, tout était improvisé au dernier moment. Il était 18h45 et Sophea arpentait les allées du supermarché à la recherche de viandes, crudités et autres glaces pour combler une soirée qui s'annonçait explosive. Une soirée entre filles, rien que des filles pour être en l'espace d'une nuit les reines de Palm Springs. Elles avaient tiré à la courte paille pour se répartir l'organistaion de la soirée. Sophea devait ainsi s'occuper du repas. Il faisait beau et les journées se rallongeaient, un barbecue accompagné de bières semblait parfaitement s'harmoniser avec l'ambiance apaisée d'un soir de juin.
Elle qui pensait qu'à cette heure-ci les rayons seraient déserts, elle fut déçue du résultat. Les gens se bousculaient, s'énervaient, s'impatientaient et s'indignaient. Sophea, elle, ne comprenait ces comportements. C'était le week-end et l'été pointait le bout de son nez, que demander de mieux ?
La jeune fille serpentait entre tous les clients pour atteindre les étales interressés. Finalement, elle mit moins de temps que prévu à faire ses achats, du moins à les entreposer dans le Caddie. Il ne lui restait plus qu'à se rendre aux rayons des boissons alcoolisées pour y saisir un pack de bières.
Ce rayon-ci était étrangement plus désempli que les précédents. Pourquoi ? Certainement parce que les mères de famille s'attardaient au rayon fruits et légumes. Ici, se trouvait des personnes de son age qui venaient toutes pour la même chose. Vendredi soir était pour tous synonyme de soirées alcoolisées et sorties. Ses parents lui répétaient sans cesse cette phrase qu'elle jugeait stupide : " Sans alcool, la fête est plus folle". Oui, ses parenst étaient des petits rigolos ... Il n'empéchait que la jeune fille n'était pas tout à fait d'accord avec. Tout était relatif pour elle. Boire oui, mais dépasser ses limites, ça certainement pas !!
Ses pensées furent interrompues par la sonnerie d'un téléphone qui indiquait certainement la reception d'un sms. Elle chercha dans son sac son portable afin de vérifier si c'était bien elle qu'on cherchait à joindre. Non. Ce devait être la personne qui se trouvait à côté d'elle. Machinalement, elle tourna sa tête vers la droite. Alors que se qu'elle pressentait fut réalisé, ses yeux ou plutôt sa tête ne reprit pas pour autant sa position initiale. Pourquoi ? Ce qu'elle avait sous ses yeux l'effraya et un frisson parcourut d'ailleurs son corps. Sophea se sentit se raidir, se rigidifier, se tendre. Sa gorge se noua et elle sentit son coeur s'accélerer. C'était simple, elle n'avait pas vu ça depuis ... Depuis quatre ans exactement. Tout s'était tellement mal fini. Et en plus à cause d'elle. Enfin, lui aussi y était pour quelque chose, il était parti comme ça sans même lui parler, sans lui dire au revoir, sans la contacter une dernière fois. C'était Andrea. Non, ses yeux ne lui jouaient pas un tour, c'était lui. Ces traits étrangement fins, ce menton si mince et ce nez si saillant ... Il ne pouvait pas exister deux êtres décris de la sorte sur Terre.
La jeune brune contemplait alors celui qu'elle avait tant chéri, tant apprécié mais aussi tant blessé. Aujourd'hui, elle s'en voulait certainement mais c'était de l'histoire ancienne, c'était sans compter le revoir un jour. Elle devrait s'enfuir avant qu'il ne relève la tête de son téléphone, avant qu'il ne sente ce regard si appuyé et pourtant, elle ne bougea pas. Elle était tout simplement pétrifiée. Andrea. C'était Andrea.
Ce qui devait arriver arriva. A peine eut-elle croisé son regard que les évènements remontaient en elle, tous se précipitaient dans sa tête. Leur rencontre, leur premier baiser, leur première dispuste (...) mais ce fut leur rupture qui marqua la fin du défilé des images passées. C'était aussi cette dernière péripétie qui la ramena à la réalité. Elle se devait de parler. Après tout, c'était elle qui était prise en flagrant délit d'espionnage. Cependant, une petite voix la rassurait. Elle lui rappellait qu'il était parti, sans même prendre la peine de s'expliquer avec la jeune Costanza.
- Andrea ? C'est bien toi ?
C'était stupide. Elle savait que c'était lui. Seulement elle ne savait pas comment engager la conversation, comment rompre ce malaise. Sophea ignorait aussi quelle allait être sa réaction. Il lui en voulait certainement encore. Ou pas. C'était il y a plus de quatre ans après tout.
Une fois la surprise passée, cette rencontre inattendue allait peut-être être qu'un lointain souvenir ...
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